Méthode professionnelle pour tuber un poêle à bois

Chaque année, des centaines de foyers sont victimes d'incendies et d'intoxications au monoxyde de carbone suite à des installations de poêles à bois défectueuses. Selon une étude de l'Association Nationale de Sécurité Incendie (ANSI), près de 40% des sinistres domestiques liés au chauffage sont dus à des conduits de cheminée mal entretenus ou incorrectement installés. Vous rêvez de la chaleur réconfortante d'un poêle à bois ? L'installation correcte, et notamment le tubage, est essentielle pour une expérience sûre et efficace. Respecter les normes et adopter les bonnes pratiques est primordial pour profiter pleinement de votre poêle en toute sérénité.

Le tubage d'un poêle à bois est un processus crucial qui consiste à insérer un conduit métallique, également appelé carneau, à l'intérieur d'une cheminée existante. Cette opération garantit une étanchéité optimale, améliore le tirage et prévient la corrosion du conduit existant. Tuber une cheminée permet de sécuriser votre habitation et d'optimiser l'efficacité de votre poêle. Si vous avez le moindre doute ou si certaines étapes vous semblent complexes, il est fortement conseillé de faire appel à un professionnel qualifié. Dans cet article, nous vous guiderons pas à pas à travers la méthode professionnelle pour tuber votre poêle à bois, en abordant les aspects réglementaires, les outils nécessaires, la sélection des matériaux et les étapes clés de l'installation. Découvrez comment choisir les bons matériaux.

Les prérequis indispensables

Avant de débuter le tubage de votre poêle à bois, il est impératif de bien comprendre les prérequis indispensables. Cette phase préparatoire englobe la connaissance des réglementations en vigueur, le diagnostic précis de votre cheminée, la sélection des matériaux adéquats et la préparation de l'outillage nécessaire. Une préparation méticuleuse est la clé d'une installation réussie, sécurisée et conforme.

Contexte réglementaire

L'installation d'un poêle à bois est soumise à des réglementations rigoureuses visant à garantir la sécurité des personnes et des biens. La norme DTU 24.1, document de référence en fumisterie, précise les exigences relatives aux conduits d'évacuation des fumées. Il est essentiel de consulter les réglementations locales et nationales en vigueur, qui peuvent varier selon votre région. L'avis technique du fabricant du poêle et du carneau est également un document important, car il détaille les caractéristiques techniques des produits et les conditions de leur installation. Le non-respect de ces réglementations peut entraîner des sanctions et, surtout, compromettre la sécurité de votre installation. Après les travaux, une vérification par un fumiste qualifié est obligatoire pour attester de la conformité de l'installation et obtenir un certificat de conformité. Pour plus d'informations, consultez le site de l'Agence Qualité Construction (AQC).

Diagnostic de la cheminée existante

Un diagnostic précis de la cheminée existante est une étape cruciale avant de procéder au tubage. Il permet d'identifier les éventuels problèmes et de choisir le matériel adapté. Commencez par une inspection visuelle méticuleuse de la cheminée, en recherchant des fissures, des dégradations, des traces d'humidité ou la présence de dépôts de suie ou de bistre. Des tests d'étanchéité, réalisés avec un générateur de fumée ou une caméra thermique, permettent de détecter les fuites potentielles. Il est également important de mesurer le diamètre et la hauteur de la cheminée pour choisir un tubage adapté. Enfin, identifiez les éventuels rétrécissements ou dévoiements importants qui pourraient complexifier l'installation. Une cheminée en mauvais état peut nuire au tirage, augmenter le risque d'incendie et réduire l'efficacité de votre poêle. Apprenez à bien nettoyer votre cheminée.

Type de défaut Conséquence potentielle Action corrective
Fissures importantes Fuites de fumée, perte de tirage, risque d'intoxication Réparation de la cheminée ou tubage impératif
Dépôts de bistre épais Risque élevé d'incendie de cheminée, diminution du tirage Ramonnage et dé bistrage par un professionnel
Obstructions (nids d'oiseaux, etc.) Mauvais tirage, refoulement de fumée, risque d'intoxication Retrait de l'obstruction et vérification de l'intégrité du conduit

Sélection des matériaux

Le choix du matériel de tubage est déterminant pour la performance et la sécurité de votre installation. Il existe différents types de tubes, tels que les tubes simple paroi et les tubes double paroi isolés, chacun avec des avantages et des inconvénients. Les tubes simple paroi, souvent en acier inoxydable 304, sont plus économiques, mais offrent une isolation thermique limitée, ce qui peut entraîner une condensation accrue et un tirage moins stable. Les tubes double paroi isolés, généralement en inox 316L avec une isolation en laine de roche haute densité (environ 120 kg/m3), offrent une isolation supérieure, améliorant le tirage et réduisant les pertes de chaleur. Le choix du matériau (inox, acier émaillé) dépend de la résistance à la corrosion souhaitée et de votre budget. L'acier inoxydable 316L est plus résistant à la corrosion que l'acier émaillé et est donc recommandé pour les combustibles contenant du soufre. Il est crucial de respecter les recommandations du fabricant du poêle concernant le diamètre du tubage, généralement entre 150 et 200 mm. Prévoyez également les accessoires nécessaires, comme les raccords, les colliers de fixation, le chapeau de cheminée pare-pluie et la plaque d'étanchéité haute température. Une isolation adéquate (laine de roche, vermiculite) est recommandée pour optimiser le tirage et minimiser les risques d'incendie. Les isolants doivent être certifiés CE et résister à des températures élevées (jusqu'à 1000°C).

  • Tubes simple paroi : Économiques, idéaux si le conduit est déjà bien isolé.
  • Tubes double paroi isolés : Excellente isolation, tirage optimisé, sécurité accrue.
  • Inox 316L : Très résistant à la corrosion, durable, recommandé pour tous types de combustibles.
  • Acier émaillé : Moins onéreux, à utiliser avec précaution dans des installations bien ventilées.

Le respect des diamètres préconisés par le fabricant est essentiel pour garantir un tirage approprié. Un tirage insuffisant peut provoquer un refoulement des fumées dans l'habitation, tandis qu'un tirage excessif peut entraîner une combustion trop rapide du bois et une perte de chaleur. L'utilisation d'un modérateur de tirage peut être envisagée dans ce dernier cas.

Outillage indispensable

Pour effectuer le tubage de votre poêle à bois dans les règles de l'art, un outillage spécifique est requis. Outre l'outillage de base (mètre, niveau, perceuse, tournevis, clés, marteau), vous aurez besoin d'outils plus techniques comme une scie à métaux (idéalement une scie à ruban pour une coupe nette), une pince à border ou à sertir pour les raccords, un détecteur de monoxyde de carbone (CO) pour vérifier l'absence de fuites après l'installation et un appareil de mesure du tirage (manomètre) pour contrôler le bon fonctionnement du conduit. N'oubliez pas l'équipement de protection individuelle (EPI) : lunettes de sécurité, gants de manutention résistants à la chaleur, masque anti-poussière FFP2 et casque de chantier pour travailler en toute sécurité. Un outillage de qualité est un investissement qui vous assurera un travail précis et durable. Avant de commencer, vérifiez que tous les outils sont à portée de main et en parfait état de fonctionnement. Selon un guide de l'ADEME, le coût total de l'outillage peut varier de 250 à 600 euros, en fonction de la qualité et de la spécificité des outils choisis. Faites faire un devis par un professionnel.

Préparation et installation du tubage

Une fois les prérequis remplis, vous pouvez procéder à la phase de préparation et d'installation du tubage. Cette étape cruciale demande une grande attention aux détails et le respect des consignes de sécurité. Elle comprend un nettoyage méticuleux de la cheminée, la mise en place du tubage, le raccordement au poêle, l'isolation du conduit (si nécessaire) et sa fermeture.

Nettoyage de la cheminée

Un nettoyage complet de la cheminée est indispensable avant de tuber. Il permet d'éliminer les dépôts de suie et de bistre, qui sont inflammables et réduisent le tirage. Vous pouvez nettoyer manuellement la cheminée à l'aide d'un hérisson en nylon ou en acier (choisir le bon diamètre) et d'une brosse métallique, ou mécaniquement avec un aspirateur de suie équipé d'un filtre HEPA pour retenir les particules fines. Un nettoyage efficace et sécurisé exige l'utilisation d'un équipement de protection adapté (masque FFP2, gants). Il est recommandé de faire appel à un ramoneur certifié pour un nettoyage complet et sécurisé, surtout si la cheminée est particulièrement encrassée. Le ramonage permet également de contrôler l'état du conduit et de déceler d'éventuelles anomalies. Un ramonage régulier contribue à la prévention des incendies de cheminée.

Pour un nettoyage manuel performant, choisissez une brosse dont le diamètre correspond à celui de votre conduit. Débutez par le haut de la cheminée et descendez progressivement, en effectuant des mouvements de va-et-vient énergiques. Prenez soin de retirer les dépôts de suie et de bistre au fur et à mesure pour éviter de les redéposer à l'intérieur.

Mise en place du tubage

L'installation du tubage consiste à insérer le conduit métallique à l'intérieur de la cheminée existante. L'assemblage des différents éléments du tubage (raccords, tubes) doit s'effectuer dans le sens de montage indiqué par le fabricant, généralement du haut vers le bas. Assurez l'étanchéité de chaque raccord grâce à un joint réfractaire ou un mastic haute température certifié EN 15654. La descente du tubage dans la cheminée peut se faire à l'aide de cordes ou d'un système de treuil, en veillant à ne pas endommager le tubage lors de la manipulation. Il est capital de centrer le tubage à l'intérieur de la cheminée pour maintenir une distance de sécurité avec les parois. Selon les recommandations du CSTB, cette distance doit être d'au moins 5 cm. Un tubage mal installé peut compromettre le tirage, causer des fuites de fumée et accroître le risque d'incendie.

Raccordement du tubage au poêle

Le raccordement du tubage au poêle doit être réalisé avec un élément de raccordement adapté au diamètre du poêle et du tubage. Assurez l'étanchéité du raccordement en utilisant un joint réfractaire ou un mastic haute température certifié. Contrôlez l'alignement du poêle et du tubage pour garantir un tirage optimal. Différentes options de raccordement existent, selon la configuration de l'installation (sortie verticale ou horizontale). Un raccordement incorrect peut entraîner des fuites de fumée et diminuer l'efficacité du poêle. Une jonction parfaitement étanche est essentielle pour prévenir tout risque d'intoxication au monoxyde de carbone. Le respect des normes de sécurité lors de cette étape est primordial.

  • Raccordement vertical : Solution simple et efficace, idéale pour les conduits droits et alignés.
  • Raccordement horizontal : Nécessite l'utilisation d'un coude à 45° ou 90°, ce qui peut légèrement réduire le tirage.
  • Joint réfractaire (norme EN 15654) : Assure une étanchéité parfaite et durable, résistant aux hautes températures.
  • Mastic haute température (norme EN 15654) : Alternative au joint réfractaire, à utiliser selon les préconisations du fabricant.

Isolation du conduit (si nécessaire)

L'isolation du conduit est fortement recommandée pour améliorer le tirage, réduire les déperditions thermiques et renforcer la protection contre les incendies. Utilisez des matériaux isolants adaptés aux hautes températures, tels que la laine de roche haute densité (certifiée ACERMI) ou la vermiculite en vrac. Les techniques d'isolation varient selon la configuration du conduit : enroulement de laine de roche autour du tubage ou remplissage de l'espace entre le tubage et la cheminée avec de la vermiculite. Une isolation efficace peut réduire les déperditions de chaleur de 20 à 30%, permettant ainsi de réaliser des économies d'énergie notables. De plus, elle contribue à maintenir une température de fumée plus élevée, ce qui favorise le tirage et limite la formation de dépôts de bistre. Selon l'ATECO, l'isolation du conduit peut aussi réduire le risque d'inflammation des matériaux combustibles à proximité de la cheminée.

Matériau isolant Conductivité thermique (W/m.K) Avantages Inconvénients
Laine de roche haute densité 0.035 - 0.040 Excellente isolation thermique, incombustible (A1), facile à installer Peut irriter la peau lors de la manipulation, sensible à l'humidité si non protégée
Vermiculite en vrac 0.065 - 0.075 Incombustible (A1), facile à mettre en œuvre par simple remplissage, imputrescible Moins performante que la laine de roche en termes d'isolation, peut se tasser avec le temps

Fermeture de la cheminée

La fermeture de la cheminée consiste à installer une plaque d'étanchéité en partie haute afin d'empêcher les infiltrations d'eau et d'air froid. Choisissez un chapeau de cheminée adapté pour protéger le conduit contre les intempéries (pluie, neige, vent) et optimiser le tirage. Il existe différents modèles de chapeaux de cheminée, chacun présentant des avantages esthétiques et fonctionnels spécifiques. Une cheminée correctement fermée est essentielle pour garantir l'étanchéité de l'installation et prévenir les problèmes d'humidité. Le coût d'un chapeau de cheminée oscille généralement entre 60 et 250 euros, en fonction du modèle, du matériau (inox, terre cuite, etc.) et de ses performances.

Vérification et mise en service

Une fois le tubage réalisé, il est impératif de procéder à une vérification rigoureuse et à une mise en service progressive. Cette étape permet de valider la sécurité et le bon fonctionnement de l'installation. Elle englobe les tests d'étanchéité, la mesure du tirage, la première utilisation du poêle et l'entretien régulier.

Tests d'étanchéité

Les tests d'étanchéité permettent de détecter toute fuite éventuelle. Le test fumigène consiste à diffuser de la fumée dans le conduit et à observer si elle s'échappe par des fissures ou des raccords défectueux. L'utilisation d'une caméra thermique permet de visualiser les points chauds, qui peuvent signaler des fuites ou une isolation insuffisante. En cas de fuite, corrigez les problèmes en appliquant du mastic réfractaire certifié ou en remplaçant les joints endommagés. Un test d'étanchéité réussi est la garantie d'une installation sécurisée et performante. Il est conseillé de renouveler les tests d'étanchéité tous les 5 ans, ou après chaque ramonage.

Mesure du tirage

La mesure du tirage permet de s'assurer que le tirage est suffisant pour garantir une combustion optimale. Utilisez un appareil de mesure du tirage (manomètre) pour mesurer la dépression dans le conduit. Interprétez les résultats : un tirage trop faible peut provoquer un refoulement des fumées, tandis qu'un tirage excessif peut accélérer la combustion du bois. Ajustez le tirage en installant un modérateur de tirage si nécessaire. Selon l'AFNOR, un tirage optimal se situe entre 10 et 20 Pascals. Un tirage correct est primordial pour assurer une combustion propre et efficace, et pour réduire les émissions de polluants.

Première utilisation

Lors de la première utilisation du poêle, allumez le feu progressivement pour éviter les chocs thermiques. Surveillez attentivement le fonctionnement du poêle et du tubage pendant les premières heures. Utilisez du bois de qualité, sec (humidité inférieure à 20% mesurée à l'aide d'un humidimètre) et fendu, pour optimiser la combustion. Réglez l'arrivée d'air pour obtenir une combustion vive et complète. Vérifiez que la fumée s'échappe correctement par le conduit et qu'il n'y a aucun refoulement. Une première utilisation réussie est le signe d'une installation conforme et bien réalisée.

  • Bois sec : Privilégier un bois avec une humidité inférieure à 20%, gage d'une combustion performante.
  • Allumage progressif : Monter graduellement en température pour prévenir les contraintes thermiques.
  • Surveillance constante : S'assurer de l'absence de refoulement de fumées et du bon fonctionnement général.

Entretien régulier

Un entretien régulier du poêle et de la cheminée est indispensable pour assurer la sécurité et la longévité de l'installation. Faites appel à un ramoneur professionnel au moins une fois par an, voire deux si vous utilisez votre poêle quotidiennement. Le ramonage permet d'éliminer les dépôts de suie et de bistre, et de vérifier l'état du conduit. Contrôlez régulièrement le tubage pour détecter les éventuels problèmes. Nettoyez le poêle en vidant le cendrier et en nettoyant la vitre avec un produit spécifique. Un entretien régulier permet de prévenir les incidents et de garantir un rendement optimal du poêle. Selon une étude de Que Choisir, le coût annuel d'un ramonage se situe entre 80 et 160 euros.

Pour conclure

Le tubage d'un poêle à bois est une opération délicate qui requiert une connaissance approfondie des normes et des techniques d'installation. Le respect scrupuleux des règles de sécurité est primordial pour prévenir les accidents et assurer la durabilité de votre installation. En cas de doute, n'hésitez pas à solliciter l'expertise d'un professionnel qualifié. Un tubage réalisé dans les règles de l'art est un investissement judicieux pour votre sécurité, votre confort et la valorisation de votre habitation. Le tubage représente une étape clé pour une installation de chauffage au bois performante, sécurisée et respectueuse de l'environnement.

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Pour un tubage réalisé dans les règles de l'art, n'hésitez pas à faire appel à un professionnel certifié !